Dans son « Requiem allemand », Brahms dit adieu à la résignation de sa devise « Libre, mais seul » (« Frei, Aber Einsam ». Les notes F, A, E (fa, la, mi dans la notation allemande) sont renversées et la musique nous dit à présent : « « seul, oui, mais aussi consolé ». Ces acronymes de notes si cérébraux seraient-ils pure coquetterie ? Au contraire, c’est justement cela, le romantisme ! Et aussi cela : « Heureux ceux qui sont affligés» et se réfugient avec le compositeur dans la Forêt Noire, où cet homme renfermé se libérait de ses obsessions grâce à ses longues marches. Tout cela devait mûrir et aboutir à l’ensemble d’une œuvre dont le « Requiem allemand », précisément, représente le début sur le versant symphonique. Les chanteurs les plus éminents s’approprient cette musique. Cependant, ce qu’il y a de plus intime chez Brahms se révèle dans les parties chorales – interprétées ici par le Chœur Balthasar-Neumann, l’enfant chéri de son fondateur Thomas Hengelbrock.